Écrire l’histoire de l’Auberge du coeur le Tournant, ce serait écrire l’histoire des 4073 jeunes, qui depuis 1974, sont venus chercher notre appui.

Ça devrait être cela, mais évidemment ce n’était pas possible. D’ailleurs on écrit rarement l’histoire de ceux qui font les frais de l’autre histoire, la grande, celle avec un grand H. Nous aurions aussi pu aborder cette tranche de vie de plus d’un quart de siècle sous l’angle statistique. Mais nous n’en n’avions ni le temps ni les moyens ni l’envie.

En réalité, nous aurions pu écrire l’histoire de l’Auberge du coeur le Tournant tout à fait différemment. Mais peu importe la façon dont nous l’aurions écrite, il nous aurait fallu dire ceci :

Depuis 1974, nous avons vu des jeunes espérer, désespérer, lutter, tomber et recommencer ; pendant toute cette période, quelques-uns ont décidé de ne plus recommencer, de tirer le trait final parce que leur soif de bonheur leur faisait trop mal ; depuis 1974, des jeunes ont surmonté les obstacles intérieurs et extérieurs placés sur leur chemin pour enfin réussir à se faire une place au soleil qui leur convienne.

L’Auberge du coeur le Tournant est née pour répondre à une situation inacceptable dans une société riche comme la nôtre. À l’image des jeunes qu’elle a accueillis et qu’elle accueille encore, elle a beaucoup lutté, parfois gagné, souvent perdu, mais surtout toujours recommencé. Dès le départ, l’Auberge du coeur le Tournant s’est voulu un acte de solidarité. aujourd’hui, cela est toujours vrai. La diversité des activités mises sur pied par l’Auberge du coeur le Tournant n’a jamais exprimé en fait qu’une seule préoccupation, qu’un seul but : que les jeunes puissent se construire une vie, une vie où la rue n’est pas le dernier mot d’une histoire qui a le droit de rimer avec bonheur. C’était notre espérance hier ; ça l’est encore aujourd’hui.

Voici notre histoire

La fondation

C’est avec l’idée d’amener des ex-détenus à venir en aide à d’autres ex-détenus, que Bernard Sweeney loue un appartement sur la rue Saint-Christophe en 1974. Parce que son initiative s’enracine dans sa foi chrétienne, Bernard cherche à obtenir les services d’un prêtre pour célébrer la messe le dimanche à l’appartement. C’est au hasard de ces démarches qu’il fait la connaissance de Richard Bergeron, puis de Pierre Bisaillon, tous deux membres de la communauté franciscaine. Ces rencontres seront déterminantes et mèneront la même année à l’obtention de lettres patentes pour leur projet d’hébergement.

Au moment de faire la demande d’incorporation, les trois hommes s’étaient entendu pour donner le nom de Quo Vadis à leur projet, mais cette appellation a été refusée parce qu’elle n’était pas française. Beaux joueurs, Quo Vadis voulant dire “Où vas-tu ?”, on s’entendit donc pour Société d’Orientation Saint-François d’Assise (SOSFA). Mais dans les faits, on ne devait utiliser cette expression qu’au plan administratif. Pour tout le monde, de 1974 à 1980, ce sera Quo Vadis.

1974, c’est deux ans après 1972, deux ans après le début de la crise du pétrole. Cette crise ne s’est pas fait sentir seulement lors de nos passages à la pompe, la hausse importante du prix de l’or noir dorénavant contrôlé par les pays de l’OPEP a aussi eu un impact majeur sur les coûts de production qui, par ricochet, ont entraîné un ralentissement de l’économie et d’importantes pertes d’emplois. Donc, au moment où la SOSFA voit le jour, l’économie québécoise est grippée. Résultat : des milliers de jeunes et de moins jeunes ont perdu leur emploi ou n’arrivent plus à en trouver un. C’est parce qu’elle est confrontée à cette réalité que, très rapidement, soit dans le cours de sa première année d’existence, la SOSFA va élargir sa mission à l’ensemble des jeunes de 18 à 30 ans en situation d’errance économique et domiciliaire.

Une demande beaucoup plus importante que celle prévue oblige aussi la même année à déménager dans un logement plus grand. C’est au 1181 de la rue Dorion que la SOSFA-Quo Vadis offrira pendant six ans un accueil et une vie communautaire authentique à des jeunes en difficulté désireux de poser leurs bagages pour un moment. L’appartement offrait une quinzaine de places réparties dans quatre chambres à coucher. Comme seul le soutien des communautés religieuses rend possible le démarrage de cette aventure, tout le projet repose sur des moyens de fortune. À titre d’exemple, soulignons que le mobilier des chambres se limitait à trois ou quatre matelas jetés à même le sol.

Évidemment, qui dit fondation, dit enthousiasme et expérimentation. L’année 1974 en fut une de très grande ouverture. Impossible de savoir précisément combien de jeunes ont séjourné à Quo Vadis cette année-là, et ce pour deux raisons. La première, on ne tenait aucun dossier. On ne connaissait même les jeunes que par leur prénom la plupart du temps. La deuxième tient au fait qu’on n’exerçait peu ou pas de contrôle sur les nouveaux arrivants et que la maison était toujours ouverte.  Ainsi, il est arrivé qu’on trouve dix-huit jeunes le matin au déjeuner, alors qu’il n’y en avait que quinze en fin de soirée la veille. Le va et vient fut intense tout au long de cette première année d’existence.

Une part importante des jeunes hébergés provenaient des régions et venaient d’arriver à Montréal en quête de travail ou d’“exotisme urbain”. Certains étaient de passage, en route vers un boulot saisonnier (tabac en Ontario, cueillette des fruits en Colombie-Britannique, etc.). Souvent, ces jeunes étaient sans revenus à leur arrivée. Les problèmes reliés à la consommation de drogues et d’alcool, à la criminalité et à la santé mentale étaient aussi présents.

Pour assurer le bon fonctionnement de la maison, Bernard, Pierre et Richard vivent sur place. La présence de ces trois hommes donnant asile à un flot continu de jeunes plus ou moins marginaux ne sera pas sans attirer l’attention des policiers du quartier. Les trois hommes seront régulièrement l’objet de filatures et des descentes seront sporadiquement effectuées à l’appartement. Dès qu’un jeune de 18 à 30 ans était recherché, une petite visite sur la rue Dorion s’imposait. Cette situation a duré environ trois ans.

En 1974, Noël Breton, membre de la corporation, fait don à la SOSFA d’une terre à Havelock, dans la région d’Hemmingford. Une maison est construite sur le site dans le but de permettre à des jeunes ayant séjourné sur la rue Dorion de venir faire l’expérience d’une vie communautaire chrétienne. Le projet ne devait pas conserver son orientation initiale très longtemps. Dès mai 1975, ce sont plutôt de jeunes garçons de 15 à 18 ans référés par un juge de la cour juvénile que la ferme reçoit. Confronté à une grève dans les services sociaux, celui-ci s’est retrouvé à court d’endroit où envoyer les jeunes qu’on lui présentait. Cette entente devait être temporaire, mais elle a duré cinq ans. La SOSFA a alors obtenu pour la Ferme le statut de “foyer spécial d’accueil”. La capacité de la maison était de quatorze personnes, mais légalement, étant donné son statut de foyer d’accueil, la Ferme ne pouvait recevoir que neuf jeunes en permanence.

Après plus ou moins un an d’expérimentation, on sent le besoin de restructurer le fonctionnement et de redéfinir les orientations. Un groupe d’étude se penche sur la question d’avril à juin 1975. Le groupe conclut que si on souhaite vraiment favoriser le développement de l’autonomie personnelle chez les membres, il importe de prioriser le long terme. L’utilisation du mot membre ici n’est pas accidentelle, puisque ce que le groupe propose, c’est en réalité la constitution d’une commune d’accueil. Il y aura donc un groupe stable et des places de dépannage.

  • Réduction du nombre de membres à neuf ou dix personnes
  • L’accueil sera réservé en priorité aux jeunes dont l’âge varie de 17 à 20 ans dans le but d’assurer une continuité de formation pour les jeunes qui arrivent de la Ferme
  • Pour être membre, le jeune devra faire preuve d’une certaine capacité à vivre la vie en commune. Ce critère a pour effet d’exclure les délinquants graves et les jeunes souffrant de troubles psychologiques sérieux.
  • Nécessité pour chaque membre de travailler ou d’étudier.

Ces nouvelles orientations ne sont pas sans soulever certains questionnements lors de l’assemblée générale d’octobre 1977. Un membre souligne qu’“Au début, Quo Vadis était orienté vers l’accueil d’ex-détenus par des ex-détenus. Ce qui se dessine peu à peu, c’est la constitution de groupes de jeunes non délinquants.” (Procès-verbal de l’assemblée générale du 3 octobre 1977) Un autre membre explique que dès qu’on s’éloigne du mode dépannage, il devient inévitable d’exercer une forme de sélection si on entend respecter nos limites et nos moyens. De façon générale, on conclut que ces modifications font partie d’un processus d’exploration qui mène progressivement à l’identification des orientations réelles de la SOSFA. Il n’y aura plus de changements importants sur la rue Dorion avant 1979.

La vie à la Ferme est plus stable. De 1975 à 1979, en moyenne une vingtaine de jeunes garçons de 15 à 18 ans seront hébergés annuellement pour des séjours allant de 1 à 12 mois. Il y aura aussi plusieurs cas de dépannage. Pendant toute cette période, l’encadrement sera assuré par Bernard et par un ou deux autres adultes vivant sur place.

L’occupation des jeunes variera selon le moment de l’année. Durant l’été, certains travaillaient dans les fermes de la région, à la carrière ou s’occupaient aux différentes tâches d’entretien de la maison, du terrain et du potager. À plusieurs reprises, ils ont eu l’occasion de participer à différents travaux de construction sur la maison, car tout n’était pas terminé lorsque les premiers jeunes sont arrivés en 1975. À l’automne, c’était le retour à l’école, puisque la plupart n’avait pas terminé leur secondaire V. On développe aussi sur place des ateliers de poterie, de peinture et de macramé (ainsi étaient les années 70 !).

Départ de Bernard Sweeney et fin du projet de la Ferme

On décide que les membres du noyau devenaient des “accueillants” vis-à-vis des autres jeunes en situation de dépannage. On décide aussi de réduire l’accueil à douze personnes et de ramener l’âge des jeunes à 18-25 ans. Pierre Bisaillon et Richard Bergeron continuent d’assurer la continuité du projet.

Concrètement, cela se traduit entre autres par l’instauration de rencontres hebdomadaires pour faire le point et par la prise en charge de la cuisine et de l’entretien par deux jeunes à tour de rôle. Des sorties à la Ferme étaient aussi prévues autant dans une perspective de loisir que dans le but de maintenir un lien entre les deux projets. Le financement était en partie assuré par les personnes vivant sur place, tous les travailleurs devant verser un montant de 25 $ par semaine. Les jeunes continuent de devoir s’orienter vers une activité qui leur permette d’améliorer leur situation; la plupart du temps, il s’agit pour eux de trouver un travail ou de retourner à l’école. À partir de ce moment, Quo Vadis-Dorion hébergera en moyenne de 20 à 25 jeunes par année, sans compter les demandes de dépannage. Le nombre relativement restreint de jeunes hébergés s’explique par l’absence de limite à la durée de séjour qui permettra à certains jeunes de faire des séjours de plus d’un an.

Qu’on parle de commune ou de communauté, dans un cas comme dans l’autre on parle du développement d’un réseau complexe de relations humaines qui suppose, pour bien fonctionner, beaucoup de maturité de la part des membres et des modes de communication bien adaptés. Tenter une telle expérience avec un groupe de jeunes en difficulté de 18 à 25 ans n’allait donc pas de soi. Aussi, de juin 1975 à juin 1977 la commune de la rue Dorion a éprouvé bien des difficultés. L’intégration de certains jeunes s’est révélée plus ardue que prévue, la participation à la vie du groupe était assez inégale et, en avril 1977, de sérieux problèmes en lien avec la consommation de drogues et d’alcool ont commencé à faire surface, des cas de vols et de violence se sont aussi produits.

Ces événements ont donc entraîné une nouvelle période de réflexion sur l’orientation que devait prendre le projet. Les conclusions de cette réflexion sont les suivantes :

En avril 1979, Bernard annonce au Conseil d’administration qu’il quitte la Ferme et la SOSFA. Après six ans d’un engagement extrêmement généreux auprès des jeunes, Bernard souhaite ouvir la porte à de nouveaux projets personnels. D’avril à juin, tous les jeunes sont relocalisés. Pour plusieurs jeunes qui s’étaient profondément attachés à Bernard, le départ ne s’est pas fait sans déchirements. Certains continuèrent même à aller rencontrer Bernard à Montréal pendant un certain temps.

Lors de l’assemblée générale spéciale du 15 mai 1979, Rita Plourde, membre de la SOSFA depuis les tout débuts, propose un nouveau projet pour la Ferme appeler le “Foyer Quo Vadis”. Il s’agit en fait d’accueillir des adolescents un peu plus jeunes et quelques pré-adolescents. De plus, fait nouveau, le groupe serait mixte. L’été 1979 s’est passé à négocier une entente avec le CSS Richelieu et à faire le grand ménage des lieux. Finalement, le projet pourra démarrer en septembre 1979. Rita sera aidée tout au long de l’année qui suit par Suzanne Richard et Alain Létourneau. Malheureusement, même si l’expérience s’était révélée positive, l’impossibilité d’obtenir du CSS un financement permettant d’offrir aux intervenants un salaire raisonnable oblige à mettre un terme au projet de Foyer Quo Vadis. Le projet se termine officiellement à la fin du mois de juin 1980.

Évidemment, en l’absence de nouveau projet, l’assemblée générale a dû se poser la question : “Que fait-on de la maison ?”. La décision fut de louer la maison à un jeune couple afin qu’il en assure l’entretien jusqu’à ce qu’une position définitive soit adoptée. La maison est finalement vendue le 11 janvier 1983.

En mai 1979, Pierre Bisaillon annonce à son tour qu’il ne veut plus être responsable du projet de la rue Dorion, qu’il a besoin de repos et qu’il souhaite s’intégrer à un autre projet. Déjà à partir de mars, suite à un hiver difficile, le nombre de jeunes avait été réduit à 3 ou 4. À la fin de juin, tous les jeunes sont partis. La fermeture de Quo Vadis-Dorion entraînera une vive réaction chez d’anciens résidants qui jugent que cela ne peut et ne doit pas se faire. Ceux-ci considéraient cette maison comme la leur et acceptaient mal la tournure des événements. Mais en l’absence de projet et de personne responsable apte à assurer la continuité, la décision ne pouvait qu’être maintenue.

Avec la fin du projet de la rue Dorion et la fermeture de la Ferme en 1980, c’est véritablement la fin d’une époque pour la SOSFA. C’est ici que s’arrête la référence à Quo Vadis.

Dès septembre 1979, Pierre Bisaillon et Richard Bergeron commencent à mettre sur pied un nouveau projet baptisé le Caillou blanc. Le projet consiste à créer une vie communautaire favorisant le cheminement humain et chrétien de personnes (7 ou 8) qui, pour différentes raisons, recherchent un soutien. Ce projet ne sera chapeauté par la SOSFA que pendant un an, l’esprit du projet n’étant pas vraiment conforme aux objectifs de la SOSFA.

Donc, à partir de l’automne 1980, la SOSFA entre dans une phase d’inactivité qui durera jusqu’au printemps 1983.

C’est au printemps 1983, le 23 avril plus précisément, que la SOSFA reprend vie grâce à l’impulsion de Pierre-Jean Parent. Constatant l’absence, ou à tout le moins le manque important de ressources en hébergement pour les jeunes démunis, celui-ci portait déjà depuis six mois le projet de constituer un réseau alternatif d’aide aux jeunes adultes en difficulté. Rappelons qu’à cette époque, les moins de trente ans prestataires de l’aide sociale doivent tenter de survivre avec le “petit chèque”, lequel a varié entre environ 144 $ et 189 $ par mois. Au gré de ses recherches de financement, Pierre-Jean rencontre Pierre Bisaillon. Comme la charte de la SOSFA est sans projet, une entente est rapidement prise et le projet de Pierre-Jean Parent devient la SOSFA. Ce qui est envisagé n’est rien de moins que la mise sur pied d’un réseau de services d’hébergement, de travail et d’orientation sociale pour les jeunes.

L’idée de réseau suggère d’emblée celle de plusieurs projets reliés par un même objectif. Et c’est bien ce qui caractérisera la vie de la SOSFA de 1983 à 1986.

La maison Jonathan

Premier projet à se concrétiser, ce centre d’hébergement ouvrira ses portes officiellement le 1er juillet 1983. S’adressant à des jeunes hommes âgés de 18 à 30 ans, il offrira des séjours de moyenne et longue durée à quinze jeunes à la fois. L’expérience durera environ un an.

Le Centre Saint-Damien

Fort du succès de l’expérience de la Maison Jonathan, on procède le 1er novembre 1983 à l’ouverture du Centre Saint-Damien. Capable d’héberger neuf jeunes, le Centre Saint-Damien se transformera dès mai 1984 en centre de dépannage à court terme. À partir de ce moment, les séjours seront limités à 21 jours.

D’abord établi au 2122 et 2124 de la rue Amherst (1er et 2e étage du même immeuble), le centre déménagera le 26 août 1985 au 1619 de la même rue. Sa capacité d’accueil passera du même coup à huit jeunes.

La résidence Emmaüs-S.O.S

Ce projet d’hébergement de 22 places situé au 2526 rue Charland est en fait un projet conjoint réunissant le groupe Emmaüs-S.O.S, la Croix blanche de Montréal et la SOSFA. Débutée au début de janvier 1985, l’expérience se révélera plus complexe à mener que prévu. L’enthousiasme du départ s’effritera peu à peu devant la difficulté d’harmoniser les façons de travailler et l’émergence de coûts beaucoup plus élevés que ce qui avait été envisagé. La SOSFA se retirera officiellement de l’entente en juin 1985.

Le Comptoir Saint-Damien

Toujours dans l’esprit de développer un réseau de services répondant à une pluralité de besoins des jeunes sans abri, la SOSFA a mis sur pied en même temps que le Centre Saint-Damien un comptoir où on pouvait trouver pour un prix modique des vêtements recyclés et des objets usagés de toute sorte. Pendant toute la durée du projet, des centaines de personnes sont venues chercher au Comptoir Saint-Damien (2120 rue Ahmerst) un contact humain chaleureux autant qu’un vêtement ou un objet quelconque.

Des moyens financiers limités avaient motivé le choix d’un local à très bon marché. Cela devait entraîner plusieurs inconvénients, soit, entre autres, des problèmes de chauffage en hiver et des problèmes de salubrité. Le manque d’effectifs pouvant assurer la supervision des opérations (cueillette, tri et vente) a aussi posé certaines difficultés. Finalement, la hausse du loyer et la baisse des ventes ne donneront pas d’autres choix aux administrateurs de la SOSFA de l’époque que de fermer le comptoir Saint-Damien (juillet 1985).

Le Café Saint-François

Dès le départ, la nouvelle équipe de la SOSFA savait qu’elle ne pourrait pas offrir un hébergement à tous les jeunes en ayant besoin. De plus, on constatait bien que tous les jeunes en difficulté n’étaient pas en besoin d’hébergement, mais que la plupart souffrait de solitude et d’isolement. Privés de réseaux social et affectif significatifs, ces jeunes se retrouvaient souvent complètement seuls avec leurs problèmes. Aussi, dans le but de briser un peu cet isolement, la SOSFA ouvre en décembre 1984 le Café Saint-François (1844 Amherst).

Autour d’un repas chaud payé la somme exorbitante de 1.00 $, les jeunes avaient l’occasion de rencontrer d’autres jeunes avec qui échanger, avec qui élaborer des projets. De décembre 1984 à octobre 1985 seulement, le Café aura servi 13 150 repas. L’évidence du besoin saute donc aux yeux.

La qualité de l’accueil et de la présence est essentiellement assurée par les jeunes eux-mêmes à titre bénévole et par quelques employés pratiquement bénévoles eux aussi. Des difficultés internes dans la gestion du Café ont entraîné sa fermeture prématurée en avril 1986.

La fin des projets et le départ de Pierre-Jean Parent

Après trois années d’effervescence, l’usure liée au manque récurrent de moyens et l’effritement des énergies ont entraîné la fermeture de tous les projets. Seul le Centre Saint-Damien demeure en opération. En juin 1986, après trois ans d’un engagement sans limites, Pierre-Jean Parent quitte la direction de la SOSFA. Des divergences entre Pierre-Jean et le conseil d’administration au niveau des orientations à prendre sont entre autres à l’origine de cette décision.

Tout comme pendant la période précédente, la motivation des principaux acteurs de ces trois années s’enracine dans leur foi chrétienne. Celle-ci n’a jamais été imposée, mais elle colore l’action d’une touche qui lui est propre. L’accent mis sur la bonne volonté plutôt que sur la formation professionnelle chez les travailleurs, une certaine façon de compter avec la Providence dans la réalisation des projets, ces éléments reflétaient à leur manière cette réalité.

La période qui suit, pour sa part, marquera une distance vis-à-vis la dimension chrétienne pour s’orienter plutôt vers un humanisme laïque. Cette nouvelle orientation ne rejette aucune croyance, mais ne se fonde sur aucune en particulier.

L’arrivée de Christiane Filion et l’évolution des pratiques

Le départ de Pierre-Jean laissait évidemment un vide qu’il fallait combler le plus rapidement possible. En juillet 1986, Christiane Filion est embauchée pour assurer la relève. Son premier souci sera de structurer davantage le travail d’intervention. Cet objectif passait inévitablement par le développement d’outils permettant d’assurer un réel encadrement et un meilleur suivi du cheminement des résidants. Fiches d’admission, entrevues téléphoniques et d’accueil, etc., viennent dorénavant supporter le travail de relation d’aide qui s’effectue au quotidien. Ce virage correspond aussi à ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la professionnalisation de l’intervention en milieu communautaire. À partir de 1986, la formation professionnelle et l’expérience deviennent des critères importants d’embauche.

Toujours dans l’esprit d’améliorer sa façon de travailler, la SOSFA tient en 1987 sa première semaine d’orientation. Pendant cette période, la maison est fermée, les jeunes sont temporairement relocalisés et l’équipe profite de ce moment pour questionner ses pratiques et ajuster le tir. Cette initiative deviendra une tradition pour les sept années suivantes.

En octobre 1989, le passage d’une durée de séjour maximale de 21 jours à 60 jours représente un tournant important. C’est le premier pas depuis plusieurs années vers un travail plus en profondeur ou la dimension dépannage est peu à peu mise de côté.

D’autres projets

Avant même l’arrivée de Christiane, la SOSFA caressait le projet de mettre sur pied une résidence pour femmes itinérantes. Après une évaluation de la pertinence et de la faisabilité du projet, Christiane explique aux membres de la corporation que les exigences humaines et matérielles d’un tel projet deviendrait peut-être une menace à la consolidation du Centre Saint-Damien. De plus, on constate déjà les limites de l’accueil-dépannage, aussi il serait plus justifié de développer l’hébergement à moyen et long terme par le biais d’appartements supervisés pour les jeunes du ”Centre Saint-Damien. Après plusieurs démarches pour obtenir le financement nécessaire, ce projet est aussi mis de côté.

Déménagement sur Papineau

Les locaux de la rue Amherst ne convenant plus, des démarches furent entreprises pour relocaliser le Centre Saint-Damien. La difficulté à trouver un local suffisamment grand et permettant de regrouper tous les services sur le même niveau a amené la SOSFA pour la première fois à déménager ses pénates hors du quartier Centre-Sud (à part bien sûr l’expérience de la Ferme d’Havelock). La SOSFA s’établit le 23 juin 1987 au 5103 rue Papineau, coin Laurier. Ce n’est pas encore le grand luxe, peu s’en faut, mais la grandeur du logement est mieux adaptée aux besoins de la ressource. Le nombre de jeunes hébergés à la fois reste le même, c’est à dire huit. C’est aussi durant cette période que l’appellation Centre Saint-Damien disparaît et que pour la première fois une activité de la SOSFA porte le nom SOSFA.

L’année 1987

Cette année a été marquée, du point de vue de la SOSFA, par deux événements importants : l’Année Internationale du Logement pour les Sans-abris et la fondation du Regroupement des maisons d’hébergement jeunesse du Québec.

On attendait beaucoup des retombées de l’A.I.L.S.A. Il ne se trouvait plus personne pour nier que le problème s’aggravait d’année en année et qu’il prenait des proportions inquiétantes. Les besoins des ressources et le besoin en ressources étaient criants. On espérait pour l’occasion voir arriver une véritable reconnaissance de l’importance du travail accompli par les maisons d’hébergement entre autres, une reconnaissance qui serait autre chose qu’un énoncé de voeux pieux. Ce qu’on attendait c’était un financement adéquat qui permette de sortir la plupart des ressources de leur précarité. Cela n’est pas arrivé. En dépit d’une demande de subvention de 110 000 $ au ministère de la Santé et des Services sociaux pour l’année 1987-1988, la SOSFA ne reçut que 60 000 $, soit le même montant que les deux années précédentes. Une somme de 9 000 $ fut malgré tout arrachée à force de représentation au budget d’urgence du Ministère.

En avril de la même année, après des mois de préparation, le RMHJQ tient son assemblée de fondation. La SOSFA a fait partie intégrante des travaux préparatoires et a, dès le début, assumé un rôle de leadership en permettant à Christiane Filion de devenir la première présidente du Regroupement. Ce levier de représentation et d’intervention auprès des instances politiques était devenu indispensable si on espérait avoir quel qu’influence que ce soit sur les décisions ministérielles dans le dossier de l’itinérance, et des jeunes sans abri en particulier. Il répondait aussi a un besoin important de briser l’isolement des ressources, à un besoin de partager et d’échanger sur les réalités vécues par chacune d’elles.

Les représentations extérieures

Déjà pendant la période précédente, la SOSFA, par souci de s’allier à d’autres acteurs pour faire face à la montée de l’itinérance chez les jeunes, devient membre du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal. Pendant la période 1986-1990, cette tendance va croissante. L’appartenance au RAPSIM, au RMHJQ et à différentes tables de concertation, les alliances établies pour faire contrepoids à certains projets de lois (Loi 37, etc.) indiquent une volonté non seulement d’aider les jeunes sans-abri, mais aussi d’agir sur les causes de l’itinérance de façon à la prévenir.

La construction de la maison sur la rue Wolfe

Le déménagement sur la rue Papineau représentait peut-être une amélioration du point de vue de l’espace disponible, mais le local n’en était pas moins en piteux état. Comme le propriétaire ne montrait aucune volonté de respecter son engagement à faire les travaux de réfections qui s’imposaient, il est devenu évident qu’il fallait à nouveau déménager. Les contributions respectives de la Société d’habitation du Québec, de la Société canadienne d’hypothèque et de logement et la Ville de Montréal ont rendu possible la réalisation d’un projet de construction au 1775 rue Wolfe. C’était l’occasion d’enfin construire un lieu qui réponde aux besoins spécifiques d’une maison d’hébergement.

Mais voilà, la construction d’un immeuble n’est en soi jamais simple. Cela suppose beaucoup de supervision de la part de l’acquéreur. Tout au long du chantier, les péripéties n’ont pas manqué. Louis-Charles Labrecque, membre du conseil, Christiane Filion, coordonnatrice et Lise Noël, vice-présidente du conseil, ont assumé au meilleur de leurs capacités la supervision de la construction, ce qui a permis à la SOSFA de prendre possession d’une maison qui représentait une amélioration du tout au tout par rapport à l’appartement sur Papineau. C’est en août 1990 que la SOSFA emménage dans ses locaux actuels. Ce déménagement permettra aussi de hausser la capacité d’accueil à dix jeunes.

Deux intervenants de plus, ça fait une différence

L’arrivée sur la rue Wolfe, c’est d’abord le retour dans le quartier Centre-Sud, quartier qui a vu naître et évoluer la SOSFA pendant de longues années. Ce retour aux sources coïncide à peu près avec l’augmentation du nombre d’intervenants à six. Ce changement en amènera plusieurs autres. Pour la première fois depuis 1983, plus précisément en octobre 1990, la maison d’hébergement sera ouverte toute la journée. Jusque là, la maison était fermée à partir de 9h00 tous les matins, sauf la fin de semaine, et seules les personnes responsables de la coordination et du secrétariat étaient présentes.

Ce sera aussi l’occasion pour les intervenants de pousser un peu plus loin le travail de structuration de l’intervention déjà entrepris pendant la période précédente. L’augmentation des effectifs rendait finalement possible un accompagnement plus approfondi pour chaque jeune. Pour atteindre son objectif, l’équipe a donc développé des outils pour l’encadrement de la recherche d’emploi, pour le suivi budgétaire, pour aider les jeunes concernés à réfléchir sur leur réalité de consommateurs de drogues ou d’alcool. Un système de planification quotidienne des activités est aussi instauré qui permet de s’assurer que les objectifs de séjour formulés au départ sont bien en voie de réalisation. On pourra enfin assigner à chaque jeune un intervenant parrain qui devient alors l’interlocuteur privilégié du jeune dont il a la responsabilité.

La durée de séjour

Si on souhaitait favoriser un travail en profondeur et des changements durables chez les jeunes, la question de la durée de séjour devenait incontournable. Évidemment, c’était mettre dans la balance la durée de séjour par opposition au nombre de jeunes hébergés. Après avoir bien pesé le pour et le contre, il fut décidé dans le cadre de la semaine d’orientation annuelle de l’automne 1992 de hausser la durée de séjour à six mois.

Hébergement Jeunesse Le Tournant

SOSFA, SOS FA, qu’est-ce que c’est la SOSFA ? Résumons en disant tout simplement que le temps était venu de trouver une appellation qui exprime plus clairement la mission du seul volet d’activité de la SOSFA qui se soit maintenu depuis 1983 : l’hébergement jeunesse. Après bien des discussions et bien des séances de remue-méninges, on s’entend finalement sur l’appellation Hébergement Jeunesse Le Tournant, laquelle sera officiellement entérinée à l’assemblée générale annuelle de juin 1993. Le chapeau corporatif demeure toutefois la SOSFA. C’est le retour à la complexité!

Une transition en douceur

Au printemps 1993, Christiane Filion quitte définitivement la SOSFA. Après sept années à la barre de la SOSFA, après sept années essoufflantes à encadrer le développement de la SOSFA autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, elle souhaite explorer de nouveaux horizons. Elle est remplacée par Élizabeth Martin avec qui elle partageait déjà la coordination depuis mai 1992 et qui avait assumé l’intérim en 1991-1992, alors que Christiane s’était absentée dans le cadre d’un congé de maternité. L’ expérience d’Élizabeth dans le secteur de l’hébergement jeunesse communautaire assurera une transition en douceur et une réelle continuité autant aux plans de la représentation extérieure, des efforts de consolidation financière de la SOSFA que du développement de l’intervention.

Le projet Plaisir / GEIPSI

À l’automne 1994, la SOSFA est approchée par l’équipe de ce qui s’appelait alors le projet Plaisir, car ceux-ci sont à la recherche d’un local qui leur permettrait de recevoir leurs participants une fois par semaine. Ce projet de groupe d’entraide pour personnes itinérantes, séropositives et ayant un vécu lié à la toxicomanie ou l’alcoolisme existait déjà depuis près de deux ans. En plus d’un local, le projet Plaisir recherchait un organisme dûment incorporé auquel il pourrait se greffer pour soutenir sa recherche de financement. La SOSFA a donc joué le rôle d’organisme fiduciaire pour GEIPSI (changement de nom de Plaisir en 1995) jusqu’en mai 1998, alors que GEIPSI obtenait sa propre charte. Sa situation financière s’étant nettement améliorée pendant les quatre dernières années, GEIPSI pu aussi quitter les locaux de la SOSFA, devenus trop étroits, pour ses propres locaux en août 1999.

Un contexte qui s’alourdit

Les années quatre-vingt-dix par rapport aux années soixante-dix, c’est deux récessions plus tard, c’est le retour progressif à la religion marchande et à ses dogmes de rendements et d’efficacité, c’est la mondialisation des marchés, la lutte au déficit, la démocratisation de la pauvreté (maintenant de plus en plus de gens y ont droit) et surtout, en ce qui concerne la SOSFA, le désengagement progressif de l’État.

C’est dans ce contexte que la SOSFA tente, de concert avec ses différents alliés du milieu communautaire, de faire reconnaître la pertinence du travail qu’elle fait auprès des jeunes et l’importance d’un financement adéquat pour assurer la continuité de cet effort. Au cours de cette décennie, il y aura eu des gains, une hausse importante du financement, même s’il reste encore insuffisant, une certaine reconnaissance de son expertise et l’obtention de deux plans triennaux de financement (1990-1992, 1993-1995) ; il y aura eu aussi des pertes, pertes de ces mêmes plans triennaux en 1996 qui assuraient aux organismes la certitude d’un financement récurrent, l’obligation suite à la régionalisation des services de santé et des services sociaux de négocier sur une base régionale et beaucoup d’énergie investie dans le cadre d’une multitude de représentations qui n’ont rien donné. La multiplication des lieux de représentation est d’ailleurs une caractéristique des quatre ou cinq dernières années. Les ressoures humaines ne se sont toutefois pas multipliées dans la même proportion. En fait, elles ne se sont pas multipliées du tout. Résultat : un rapport avec l’État tout à fait inégal engendrant essoufflement et désillusions.

Mais la vie de la SOSFA, ce n’est pas seulement la recherche de financement et les batailles avec politiciens et fonctionnaires, la vie de la SOSFA, c’est d’abord l’hébergement de jeunes sans abri. Et leur réalité à eux aussi a pris du poids pendant les dix dernières années. Probablement une overdose de plombs dans l’aile. Le taux de chômage pendant presque toute cette période restant passablement élevé, il s’en est suivi une compétition féroce pour les emplois disponibles. Les jeunes sans abri hébergés par la SOSFA, très souvent à cause de leur scolarité réduite, figuraient rarement parmi les plus compétitifs sur le marché de l’emploi. Ils ont aussi dû faire face à la multiplication des coupures à l’aide sociale, à la diminution de l’accessibilité aux services de santé, etc. Au total, les murs de l’exclusion se sont épaissis, la détresse des jeunes s’est aggravée et l’intervention est devenue plus complexe.

Depuis plusieurs années déjà, la SOSFA rêvait de mettre sur pied un cadre d’accompagnement post-hébergement pour les jeunes ayant fait un séjour chez elle. Différents projets avaient été envisagés, mais des ressources humaines limitées liées au manque de financement n’ont jamais permis de matérialiser ce rêve. Du moins jusqu’en avril 1992, alors qu’une entente était signée avec la Maison Saint-Jacques. Celle-ci était propriétaire d’un immeuble à logement dont deux étaient destinés à recevoir des usagers en besoin d’hébergement. Une baisse du taux d’occupation du logement destiné aux hommes amena la Maison Saint-Jacques à proposer à la SOSFA de louer l’une des deux places de ce logement. Ce nouveau projet démarra donc officiellement le 1er avril 1992. L’entente stipulait clairement que la supervision du jeune locataire de la SOSFA revenait entièrement à cette dernière. Cette tâche fut assumée tout au long du projet par un membre de l’équipe régulière. Des difficultés reliées aux relations entre les jeunes de l SOSFA et l’usager de la Maison Saint-Jacques sur lequel la SOSFA n’avait aucune autorité et la lourdeur de l’accompagnement de certains jeunes ont rendu la gestion de cette expérience passablement complexe et fastidieuse par moment. Après mûres réflexions, dans le but de recentrer les énergies, il fut décidé de mettre un terme à l’entente à la base de l’appartement supervisé le 31 mars 1994.

Le souci d’assurer une continuité à l’intervention après le séjour demeurait cependant, mais il fallait envisager une autre formule. Pour les années qui vont suivre les jeunes qui le souhaitent bénéficieront après leur séjour d’un suivi formel avec l’un ou l’autre des intervenants de l’équipe régulière dans la mesure où ils n’habitent pas une autre ressource d’hébergement, communautaire ou autre.

En 1998, le désir de développer davantage le volet post-hébergement est toujours là. L’obtention d’une subvention de la Fondation Recours des Sans-Abri rend possible le lancement d’une première étape. En avril 1999, un intervenant est attitré pendant quatre mois à temps plein au post-hébergement avec le mandat d’identifier plus clairement les besoins réels et aussi celui de rechercher le financement qui permettrait de poursuivre l’expérience toute l’année. Malgré le fait que plusieurs pistes s’annonçaient prometteuses, toutes les démarches de financement ont reçu une réponse négative. Aussi, en septembre 1999, la SOSFA se voyait dans l’obligation d’interrompre l’expérience commencée au printemps et de revenir temporairement à la formule précédente.

Une question d’identité

Pour l’essentiel de son histoire, l’appellation SOSFA aura été un chapeau. Pas un bonnet ou un béret, mais un chapeau à grand bord tentant de rejoindre le plus de jeunes possible. Ce chapeau a abrité Quo Vadis-Dorion et Hemmingford, un réseau alternatif d’aide aux jeunes adultes en difficulté, Hébergement Jeunesse Le Tournant et GEIPSI. Cette largesse de vue a cependant rendu la sollicitation des bailleurs de fonds un véritable casse-tête. Dans le but de se simplifier un peu la vie (pour combien de temps ?), il a été décidé lors de l’assemblée générale spéciale tenue le 4 octobre 1999 qu’Hébergement Jeunesse Le Tournant deviendrait désormais l’appellation officielle de la corporation, remplaçant ainsi définitivement Société d’Orientation Saint-François d’Assise. Le changement est entré officiellement en vigueur le 21 octobre 1999. Combien de projets le chapeau Hébergement Jeunesse Le Tournant couvrira-t-il à son tour ? C’est une histoire à suivre puisque nous entendons bien la continuer.

Regroupement des Auberges du cœur

L’Auberge du coeur le Tournant s’inscrit dans une grande ouverture sur la communauté qui s’est notamment exprimée par un engagement continu auprès de différentes instances de représentation apparues depuis le début des années 1980. En particulier, l’Auberge du coeur le Tournant maintient une participation active au sein du Regroupement des maisons d’hébergement du Québec nommé aujourd’hui Regroupement des Auberges du cœur depuis sa fondation en 1987. Pour cette raison, depuis 2005, nous employons généralement l’appellation l’Auberge du coeur le Tournant pour désigner l’organisme.

Été 2003

L’Auberge du coeur le Tournant accompagne concrètement douze résidants dans leur exercice de citoyens, par leur rôle de locataires impliqués. Nous devenons gestionnaires d’un immeuble de douze logements situés sur la rue Frontenac. La vie communautaire prend forme à l’aide de comités et des activités collectives sont initiées par une animatrice. Le support communautaire devient la clé de cet immeuble composant la parc des logements sociaux de Montréal. Dès le départ, l’Auberge du Coeur le Tournant se veut une main tendue aux jeunes itinérants, 31 ans plus tard, cela est toujours vrai.

2009 : Déménagement du personnel administratif du Tournant vers les Appartenances.
2012 : Inauguration de notre chambre des papas.
2013 : Réduction de la taille de l’équipe de 2 intervenants.
2014 : 40e anniversaire du Tournant.

La vie de l’Auberge du coeur le Tournant est marquée de l’empreinte de ses leaders : Bernard Sweeney, Pierre Bisaillon, Pierre-Jean Parent, Christiane Filion et Élizabeth Martin. Elle a aussi été fortement colorée par la contribution des travailleurs et des travailleuses qui ont porté la mission de l’organisme au quotidien. Mais toute cette belle histoire aurait trouvé une fin rapide n’eut été de la participation de centaines de bénévoles qui ont généreusement offert, d’une façon ou d’une autre, leur temps et leur dynamisme. De ce nombre, plusieurs ont participé aux décisions importantes de l’Auberge du coeur le Tournant à titre de membre du conseil d’administration. Nous tenons à dire à chacun et à chacune merci du fond du coeur.

Nous souhaitons aussi profiter de l’occasion pour souligner des contributions au conseil d’administration qui, par leur durée, pourraient être qualifié de “marathonienne”. Il s’agit de :

  • M. Richard Bergeron M. Noël Breton
  • M. Gérard Labelle M. James Ryan
  • Mme Rita Plourde Mme Micheline Cayer

L’Auberge du coeur le Tournant a aussi eu le privilège de compter parmi ses représentants au conseil d’administration une émule de Dominique Michel, nommément madame Lise Noël, qui, de démission en démission, a fini par gratifier la SOSFA de son énergie et de sa sagesse pendant dix ans, dont huit à titre de présidente. “C’est jamais le bon moment” n’est-ce pas Lise ?

Et dans la catégorie hors concours, parce qu’inégalable, nous souhaitons rendre un hommage particulier à Pierre Bisaillon qui, à titre de co-fondateur, de responsable de Quo Vadis-Dorion, de membre et de président du conseil d’administration, a soutenu et enrichi la vie de l’organisme pendant 20 ans, soit de 1974 à 1994. Cher Pierre, le mot merci ne contient que cinq lettres, mais considère que dans le cas présent, chacune renferme un trésor de gratitude.

Notre historique

16/01/2023

Début des travaux pour la réalisation du projet Agir en amont.

10/03/2022

Acquisition du complexe immobilier du 1750 rue Atateken.

2017

Mise à jour de nos lettres patentes.

2014

40e anniversaire du Tournant.

2005

Adoption de l’appellation : l’Auberge du coeur le Tournant.

2003

Création des Appartenances.

2001

Voyage d’initiation à la coopération au Pérou avec 8 jeunes du Tournant.

1997

Arrivée de Pierre Tougas au conseil d’administration.

1987

Adhésion au Regroupement des Auberges du coeur du Québec.

1986

10 places en hébergement, nous venons en aide 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.